Sortir du mythe du grand récit écologique pour réorienter le contrat social

Lire la Note Iddri & Étonnamment, si.

A l’heure où beaucoup se désespèrent - à raison - des reculs en matière de transition écologique, nombreux sont les acteurs qui cherchent le « nouveau grand récit » qui parviendrait enfin à la légitimer, aux yeux du grand public comme des décideurs.

Beaucoup partagent en effet le constat que « ce grand récit écologique » manque tout en soulignant leur impuissance à l'écrire.  

Dans une note co-écrite avec Marion Bet, chercheuse à l’Iddri, le think tank spécialisé dans la transition vers le développement durable, nous avons voulu dépasser cette impuissance en déplaçant le problème.

Plutôt que de chercher à produire ce « grand récit écologique », nous avons essayé d’établir de quelle façon fonctionnaient les récits politiques, pour proposer un modèle dans lequel la transition écologique pourra s’insérer, en nous appuyant notamment sur la littérature en psychologie narrative.  

Voici les principaux enseignements à tirer de cette note : 

1) Renoncer à chercher le grand récit magique de la transition écologique qui convertira tout le monde : il ne fonctionnera que pour les convaincus.

2) Si la transition est l’expression d’un projet de société, alors il s’agit de décrire de quelle façon ces fameux « projets de société » fonctionnent. Pour le faire, nous nous appuyons sur le modèle du contrat social, pensé comme des pactes qui régulent les rapports entre individuel et collectif. Quatre pactes ont été identifiés par l’Iddri : travail, sécurité, démocratie et consommation. 

3) Un contrat social prend la forme d’un assemblage de récits dominants à une époque donnée, qui sont l’expression d’un consensus pour chaque pacte. Ils changent, grâce à des récits alternatifs, que produisent des groupes minoritaires (par influence minoritaire) et les individus eux-mêmes (en les négociant). 


4) Pour se déployer à l’échelle, la transition ne peut pas reposer sur un récit politique minoritaire qui ne reposerait que sur des récits alternatifs. Pour être légitime, elle a besoin de reposer sur un minimum de consensus.

5) Pour produire ce consensus, l’une des voies peut consister à hacker et détourner les récits dominants qui construisent le pacte social, en repartant de la façon dont les groupes sociaux les négocient pour y introduire des alternatives.

 

6) cela suppose de sortir des intrigues types qui font de la transition le graal à décrocher, pour lui donner une place différente : celle d’un adjuvant d’une autre histoire, qu’il s’agit de réinterpréter.

 

Nous espérons que cette approche pourra nourrir la compréhension des récits et de leurs usages et la réflexion stratégique de celles et ceux qui s’emparent de ces enjeux. 

 La note a notamment été évoquée dans L’Opinion ou Novethic

 


Étonnamment, si. est une agence de stratégie narrative qui aide des acteurs publics, privés et associatifs à faire évoluer les normes, les conversations et les cadres d’action pour engager la transition. www.etonnamment.si

 

L'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) est un institut indépendant de recherche sur les politiques et une plateforme de dialogue multi-acteurs. L'Iddri identifie les conditions et propose des outils pour placer le développement durable au cœur des relations internationales et des politiques publiques et privées. www.iddri.org